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Corrigé DS Empire

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Message  Odile Mer 17 Déc - 16:48

Voici le début du corrigé du devoir sur l'Empire (que vous avez, a priori, tous reçu par mail, mais bon on ne sait jamais !)

Sujet : Quelle valeur donner à l’idée d’empire ? (M. Choulet)
N.B. Je fais le boulot, mais je commente aussi (en souligné !)… Et les notes de vos travaux apparaissent à la fin. Courage et attention pour le concours blanc !

A. Registres de travail, avec exemples, citations, situations…
1. Registre politique. L’empire est une forme complexe de la monarchie, soit le gouvernement ou la domination d’un seul prince ou principe(= monos / archein), à savoir d’un homme (Xerxès, Darius, Auguste, Néron, Napoléon 1er, le Shah d’Iran…), ou une « marque », une étiquette, une estampille (l’empire Disney, l’empire Coca-Cola, l’empire Hollywood) ou une Valeur, une Idée (l’empire du Mal, l’empire de la Pax americana…, le côté obscur de la Force dans Stars Wars, etc.). Les voisins et (faux) amis de l’empire sont la tyrannie, le despotisme, la royauté, et il convient d’essayer de voir ce qui le distingue de ces formes (problèmes d’ensemble). Esprit de finesse, où es-tu ? Il est remarquable de constater que l’empire n’est pas toujours incompatible avec certaines formes de démocratie (après tout Napoléon III sera plébiscité, et les USA d’aujourd’hui sont à la fois une démocratie et un empire !). Certes, c’est un peu effrayant : comme dit si bien Machado, insistant sur la jouissance du pouvoir : « L’empire est une satisfaction qu’on doit surtout aux esclaves » ( !), et l’on se souvient des images de Chaplin parodiant Hitler dans The great dictator, jouant avec le globe terrestre comme ballon gonflable (à crever…)… Mais est-ce une raison pour noyer le bébé avec l’eau du bain ? L’idée d’empire est-elle si haïssable ? Imperare signifie commander, ordonner, à partir de parare, parer, préparer — que l’empereur pré-pare indique peut-être une vraie forme de rationalisation de l’ordre / du commandement, et le soin des ornements (il y a un baroque de l’empire…). Auguste n’est pas seulement le nom d’un empereur, c’est aussi un bel adjectif (= majestueux, droit, digne… Vespasien : « Un empereur doit mourir debout », Suétone / « Vous êtes Empereur, Seigneur, et vous pleurez », Racine, Bérénice). On n’est pas loin de l’emphase du nom de César…
2. Registre spatial, territorial : l’empire romain, l’empire américain, l’empire anglais, français, russe, etc. L’empire se détermine par une politique expansionniste plus ou moins agressive, plus ou moins invasive (empire mongol…), par un impérialisme(oubli fréquent, N.B.) : question d’espace (vital), de recherche des ressources pour un pouvoir centralisateur (« tous les chemins mènent à Rome » !), ressources en matières premières, en hommes, en animaux, etc. Sa valeur, c’est la puissance. Cf. Corneille : « Cet empire absolu sur la terre et sur l’onde » (Cinna). L’empire est une question de frontières et de déplacement des frontières (Marc-Aurèle, empereur philosophe (oubli fréquent, N.B.) passe de nombreuses années sur la frontière naturelle du Danube, avec les barbares en face, sur l’autre rive…). Penser à Verlaine : « Je suis l’Empire à la fin de la décadence / Qui regarde passer les grands barbares blancs, / En composant des acrostiches indolents / D’un style d’or où la langueur du soleil danse » (Jadis et naguère).
Il y a dans l’impérialisme des empires un souci, une volonté d’unification politique d’un monde (l’empire romain pour la Méditerranée), qui peut conserver les diversités locales (le rapport subtil de la religion romaine avec la religion juive — et, à ce que l’on sache, Napoléon 1er n’a pas exigé des Italiens ou des Suédois qu’ils parlent français !). Il s’agit d’affronter le défit de la diversité, de l’hétérogène, du multiple : « l’empire anglais est fait d’une collection d’accidents hétérogènes. Nous n’avons pas plus sujet d’en être fiers qu’un caillou de sa forme » (H.G. Wells, Mr. Britling commence à voir clair)… (Certes, cette expansion trouve ses limites, au cours de l’histoire : « qui trop embrasse mal étreint » (et le colosse finit par avoir des pieds d’argile, à « avoir les yeux plus gros que le ventre », etc. / Hugo : « D’ordinaire les empires conquérants meurent d’indigestion », Le tas de pierres). Comme dit Valéry, « Nous autres, civilisations, nous savons que nous sommes mortelles », et cela vaut bien pour les empires… Il y eut un film sur le « Dernier Empereur » de Chine… Il paraît que sur certains empires le soleil ne se couchait jamais (Rome, l’empire anglais…), mais ça ne les protège pas de certains crépuscules (bien dit, non ?), de certaine décadence… Comme dit brillamment Hugo : « Cambronne à Waterloo a enterré le Premier Empire dans un mot où est né le Second… ».
Cela dit, l’empire comporte en ce sens une culture de la guerre : l’empire est belliciste, même si c’est pour installer une forme de paix (la pax romana, la pax americana : « L’empire, c’est la paix », disait Napoléon III — question : quelle est la valeur de cette paix ?)… L’empire politique est nécessairement militaire : l’armée en est l’institution la plus puissante. Montesquieu : « Un empire fondé sur les armes a besoin de se soutenir par les armes » (Esprit des Lois, XVIII). On peut s’inquiéter, comme Proudhon, de cette rivalité entre plusieurs empires qui ne supportent pas la concurrence (normal, pas de démocratie entre eux !) : « Nous marchons à grands pas vers la formation de cinq ou six grand empires. Ces empires une fois formés, rien ne remuera plus, d’autant moins même que, tôt ou tard, ils devront se faire la guerre » (Lettres, 3-V- 1860)
Dans une certaine mesure, empire voisine avec « règne », domaine (au sens du propriétaire terrien de domaines)… C’est le sens que lui donne Spinoza avec la formule : l’homme n’est pas un empire dans un empire (Ethique, III, Préface). Ce disant, Spinoza critique le thèse chrétienne (cartésienne) de l’homme comme créature d’exception, douée de liberté absolue (volonté infinie, libre-arbitre= la volonté a tout empire sur la représentation, la nier ou l’affirmer…) et d’une forme de « nature » à part, obéissant à d’autres lois que les lois de la nature naturée. Aux yeux de Spinoza, l’homme n’est qu’un mode fini de la nature naturée, une production, qui est soumise aux mêmes lois de la nature que les autres modes, y compris pour son âme (qui n’est que l’idée du corps, soit la série des idées du corps), ses affects, ses passions, et son corps lui-même. Opposition à l’anthropocentrisme qui ferait de l’homme l’empereur d’un règne offert par Dieu. La Nature n’est pas non plus un empire dont l’homme, ou même Dieu seraient les possibles empereurs. Spinoza entend se débarrasser de la métaphore politique, qui est un obstacle imaginaire et épistémologique à la connaissance de la Nature et de l’homme.
3. Registre historique : l’empire désigne aussi une période bien définie, qui va de l’invention de l’empire (de sa déclaration) à son effondrement : l’empire romain, le Premier Empire, l’empire du tsar, du sultan, etc., correspondant à une période déterminée et datable dans l’histoire, un point de repère pour comprendre l’histoire des hommes, et notamment, dit Hegel, l’histoire de la liberté. [N.B. paradoxe : on vous en voudra beaucoup d’assimiler trop rapidement, et de confondre « empire » à « servitude absolue » ou à « domination ». Ne moralisez pas ! Dites-vous toujours que c’est plus complexe…] En Egypte, avec l’empire de Pharaon, « un seul est libre » ; au temps de Rome, quelques-uns sont libres ; au temps du Saint Empire romain germanique (Charlemagne et consorts), tous sont libres mais seulement intérieurement, selon la liberté du chrétien. On peut même dire qu’aujourd’hui, au temps de l’empire américain, après tout, les choses n’ont pas beaucoup changé : Rousseau dirait qu’on a juste changé de forme de féodalité et de privilèges… Et Tocqueville nous avait averti d’une forme de despotisme démocratique (De la Démocratie en Amérique, IV), et il est sûr qu’une des formes de ce despotisme peut être l’empire… Il n’est jamais mauvais de cultiver les paradoxes…
4. Registre moral (N.B. très peu vu… ! Bizarre !!!) : l’empire sur soi, la maîtrise des passions, la maîtrise de soi… En quoi l’on voit qu’on ne pouvait pas vraiment penser la notion d’« empire » sans penser la distinction (classique, faut-il le rappeler ? Oui, rappelons !)entre maître dominus ou despotès (maître dans un rapport de force ou de ruse ou de tromperie…) et maître / magister (le maître comme instituteur, professeur, à qui on suppose compétence, maestria (sic !), légitimité pour faire apprendre, pour enseigner, etc. Il n’est pas absolument certain que l’empire se réduise au sens de maître-dominus… Il suffit de penser à la question posée par Socrate à Calliclès sur la maîtrise des passions, dans le Gorgias, ou aux Stoïciens, ou à Racine, parlant de Phèdre… Et on pensera à Marc-Aurèle, qui aura été finalement le seul « roi-philosophe » (sans compter qu’il a tout de même réussi…) : à la fois empereur des Romains et maître de soi-même, fier de son empire sur lui-même… Etonnant, non ? Il y a un terme voisin qu’on pouvait utiliser, c’est le terme d’emprise : être sous l’emprise ou sous l’empire de toxiques — alcool, passions comme la colère… —, par opposition au fait de réussir à « se contenir » — la maîtrise de l’énergie libre, débordante, violente, anarchique, surabondante, par une autre énergie psychique, l’énergie liée, en fonction du niveau de désir, de volonté, de raison ou même de peur, de surmoi… penser aux arts martiaux, au yoga, à l’apologie du sang-froid, du self control… Il y a donc une réflexivité de la notion d’empire : elle ne vise pas nécessairement l’autre, l’étranger, le barbare, comme dans son sens politique, mais elle vise aussi le soi du « soi-même », le savoir de soi-même, une forme de lucidité et de compréhension de ses forces, de ses faiblesses, de ses limites, de sa condition, elle vise une intériorité à ordonner, à hiérarchiser, à apaiser… Il y a donc un sens anthropologique, un sens culturel supérieurs à donner à « empire »… Mais on accorde que le fait d’avoir un empire sur soi est peut-être une forme de monstruosité morale, allez savoir…
D’ailleurs, cela peut aller jusqu’à la généalogie d’une forme de morale moralisante… Cf. la critique nietzschéenne de l’idéal ascétique, qui peut établir l’empire sur soi-même par la mutilation de soi-même, par la castration (évidemment, se donner la paix des sens et des affects en se castrant, ça correspond à « à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ! »…).
Précisons que « moral » a deux sens qui peuvent travailler / jouer, ici : a) au sens large, c’est le sens de : « ce qui appartient aux domaines de l’esprit, de la pensée, de la réflexion, de l’intelligence. C’est le sens de « Académie des sciences morales et politiques »… b) au sens restreint, c’est le sens de moralité (conforme à des valeurs, à des normes, à des mœurs ou des conventions considérées comme très souhaitables, avec la forme parfois d’un impératif hypothétique, sinon catégorique…), par opposition à immoralité… Ici, N.B. réflexe svp. : vous deviez, à partir du moment où la notion d’empire vous paraissait louche et douteuse, voire pire, prendre le contre-pied, au moins « pour voir » ce que ça donne… Si le réflexe moralisant / moralisateur envoie l’empire aux orties, demandez-vous systématiquement si on ne peut pas « sauver l »empire », ou tout au moins son idée — incroyable, c’est le sujet !!!
En ce sens, ne peut-on pas rêver d’un empire de la liberté, de la paix, de la dignité humaines ? Dès lors, une telle idée de l’empire suppose une vraie théorie de la souveraineté…

Odile

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Message  Odile Mer 17 Déc - 16:49

La suite...

Reprenons la méthode.
Brainstorming (associations libres) et problématisation progressive.
Empire fait penser à : empereur, impératrice (Sissi impératrice, Joséphine, Catherine II, L’impératrice rouge, film avec Marlène Dietrich)…, impérialisme (étendre son empire, invasion, expansion(nisme), colonies, prédation…), impérieux, impératif (le temps de la grammaire), impératif moral hypothétique (comporte des conditions : « si… alors… » ; cf. Aristote : impératifs pragmatiques), impératif moral catégorique (sans condition, inconditionné, absolu : Kant, impératif moral de la Loi et du devoir) ; avoir de l’empire sur soi, un empire sur autrui (influence — Corneille : « Amour, sur ma vertu prends un peu moins d’empire ! »), ascendant, poids, etc.).
On évitera « empirique » et « empirer », car ça n’a rien à voir (c’est comme ça, arbitraire linguistique aidant…).
Outre les empires politiques (voir plus haut), on songera à faire varier les situations pour mieux penser la notion de règne, de domination sans partage : l’empire du jeu (Macao, mais aussi Internet), l’empire du poison (Baudelaire, Les paradis artificiels), l’empire de l’argent (…), l’empire de l’amour (« Rien n’a d’emprise sur l’Amour / L’Amour en a sur toutes choses », La Fontaine), l’empire du Milieu (= chinois…), l’empire financier, l’empire industriel des Schneider ou des De Wendel, l’empire de certaines multinationales (Monsanto, Sony, Disney, Microsoft, Shell, Total…), l’empire du management (comme dit Pierre Legendre : Imperium mundi, en éd. Mille et Une Nuits, à lire !!!), l’empire de la science, de la techno-science, l’empire de la raison (incroyable, non ?), l’empire des morts (l’enfer), l’empire de la femme (le femme vampire, la femme-v-empire…, évidemment, ah ah !… « L’empire des femmes est beaucoup trop grand en France, l’empire de la femme beaucoup trop restreint », Stendhal, De l’amour — à méditer !!!), )etc.
Quant à l’empire des sens, il faut s’y arrêter un peu et éviter de se tromper, svp. / please !!! : loin d’indiquer l’empire de la sensibilité (l’œil / la vue, l’oreille / l’ouïe, etc.), l’expression indique surtout l’enfer de la sensibilité affective et amoureuse, sensuelle, sexuelle (vénérien… il s’agit de Vénus !), passionnelle, pulsionnelle — et ce jusqu’à la mutilation et la mort. Cf. N. Oshima, L’empire des sens. Cela dit, malgré les apparences, ça n’a rien à voir avec le sens du verbe « empirer » (= aggraver)… (one more time), même si on peut jouer sur les mots pour animer l’introduction : l’empire n’empire-t-il pas la condition humaine, ne la rend-il pas pire ? (etc.).
Il y a un bestiaire des empires : l’aigle allemand pour le Reich (l’empereur, c’est la Kaiser… même en football : Beckenbauer, Ribéry… !!! (d’accord, ça suppose une culture…), l’ours russe / soviétique… On peut aussi penser à l’araignée (mais cette image vaut aussi pour tout monarque — Nietzsche rappelle, dans la Généalogie de la Morale le nom qu’on donnait à Louis XI, « l’universelle araigne » (l’universelle araignée…). Y’a un poisson, un manchot, un boa qui s’appellent l’empereur, mais je ne sais pas pourquoi (quelqu’un peut aller à la pêche aux infos ?)… (pour le manchot, je sais : un bon appartement chaud, y’a rien de tel…
Il y a une dimension symbolique supérieure de l’empire, au-delà de celle de la monarchie ou de la royauté. Il vaut mieux baptiser un immeuble Empire State Building que Royal State Building ! Certes, il est question encore de domination, d’hégémonie (pouvoir suprême, voire absolu, ie inconditionné, sans partage), d’influence, d’autorité, de pouvoir — à la fois inclusif (l’empire inclut, digère, avale, assimile, sans nécessairement faire fondre les identités…) et exclusif (il exclut, il a des ennemis, des proies, des projets expansionnistes) —, de souveraineté ; mais il convient d’être sensible à la plus-value de sens qu’on y donne à la hiérarchie, à la pyramide du pouvoir : l’empire est une forme sui generis d’organisation socio-politique, économique, institutionnelle, administrative (le scribe égyptien de Pharaon, le mandarin chinois, le soldat de l’empire) qui a ses logiques réelles, imaginaires et symboliques bien à elle. L’empereur du Japon (le mikado, sic !, rien à voir avec le jeu, ni avec les bâtonnets au chocolat !…) était vu, jusqu’à récemment, comme un dieu vivant, quasi invisible, tenu au secret (jusqu’à être un semi prisonnier…), infaillible, gardien du sacré, père de la Patrie, etc. Il n’était donc pas un simple roi, un simple monarque… Et Marat écrit, sarcastique : « Peu d’hommes ont des idées saines des choses : la plupart ne s’attachent même qu’aux mots. Les Romains n’accordèrent-ils pas à César, sous le titre d’empereur, le pouvoir qu’ils lui avaient refusé sous celui de roi ? » (Les chaînes de l’esclavage). Il y a sûrement un coup de l’empire (en servitude, en obéissance, en humiliation, en sacrifice, mais aussi en fierté, en enthousiasme, en dignité…
On réfléchira par exemple à la dimension d’amour (d’identification amoureuse — pensons au Colonel Chabert, de Balzac, fort exemple de nostalgie…), d’effusion, d’enthousiasme (On a appelé le 5e Concerto pour piano de Beethoven le Concerto « L’Empereur », et la légende dit que Beethoven voulait dédier à Bonaparte la 3e Symphonie… mais voyant la soif de pouvoir de Napoléon, il a mis un autre sous-titre) qu’il peut y avoir dans les liens de soumission, d’obéissance, de respect, entre les sujets de l’empire et l’empereur. C’est que l’empire vise une forme particulière d’unification d’un monde (l’empire d’Alexandre, l’empire romain, l’empire russe, celui du tsar, qu’on retrouve avec la Russie de Poutine et du KGB…) avec l’effort pour exporter un modèle évalué comme idéal, évidemment… Il a par rapport aux sujets un surplomb particulier, singulier. Peut-être y a-t-il de la place pour le sublime, l’aventure, la conquête, la grandeur… C’est le cas avec Napoléon Bonaparte, Napoléon 1er du nom (N.B.), qui cherchait à liquider les féodalités monarchiques européennes dominantes (le vieux monde), par l’exportation de force du modèle de l’Etat moderne, l’ironie de l’histoire consistant à écraser les monarchies sous l’empire ! Toutes choses égales d’ailleurs, on rappellera que l’échec de Napoléon a coûté cher à l’Europe, dont deux guerres mondiales. Mais c’est une autre histoire… L’empire est ainsi plus essentiel que l’empereur… cf. Corneille : « L’empire est quelque chose et l’empereur n’est rien » (Attila, I, sc. II).
Rappel de l’anecdote : Napoléon, après Austerlitz, écrit à Joséphine en dessinant un « N » dans un soleil dessiné grossièrement… Ça signifie : « l’N mis dans le plus grand désastre » (funny, is’n’t ?)… En tout cas, la ferveur napoléonienne ne se dément pas (Hegel, Heine (1), Hugo, Audiberti, Valéry, etc.)… malgré les réticences (Chateaubriand : L’homme (Napoléon) qui ne donne aujourd’hui l’empire du monde à la France que pour le fouler à ses pieds », Mémoires d’outre-tombe).
(1) Heine : « Alors tout armé, je sortirai du tombeau, / Pour défendre l’Empereur, mon, Empereur »…

Odile

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Message  Odile Mer 17 Déc - 16:49

La suite de la suite...


Problèmes philosophiques et interrogations
Evidemment (mais c’est le B-A-BA), la question de la légitimité. Si l’empire incarne un certain règne de la force et de la violence, et donc un état de la légalité factuelle, on peut reprendre l’interrogation rousseauiste : la force ne fait pas droit. De quel droit l’empire domine-t-il ? De quoi s’autorise-t-il ? Que valent son autorité, sa souveraineté ?
La question de la définition de la notion d’empire : si l’empire est une forme de domination et d’autorité, quels rapports l’empire peut-il avoir avec monarchie, royauté, tyrannie, despotisme ? C’est sans doute une forme de monarchie, mais c’est compatible avec une démocratie (les USA d’aujourd’hui — comme disait l’autre : « comme la République était belle sous l’empire ! » / « Veillons au salut de l’empire » est un slogan de 1791, « empire » signifiant « Etat »), on appelle souvent l’empereur « tyran » (Napoléon 1er), etc. Mais Louis XIV n’était pas empereur, à ce qu’on sache… (même s’il a dit cette chose juste, parlant du travail permanent du Roi : « Les empires ne se conservent que comme ils s’acquièrent, c’est-à-dire par la vigueur, par la vigilance et le travail »). Si chacun des pouvoirs monarchiques exerce un empire, l’empire n’est-il pas « à part » ? Quelle particularité, quelle originalité donner à « empire » ? [N.B. Toujours la même chose : il y a empire et empire et toutes les formes d’empire ne se valent pas]
Il y a du symbolique, de l’amour dans l’empire. Etre sujet de l’empire n’est pas la même chose qu’être sujet d’un tyran ou d’un roi (voire d’un roitelet !)… Quelle valeur lui donner et lui reconnaître, surtout si la valeur est une nécessité idéale, un devoir-être commandant à l’être… C’est pour ça que l’empire est une valeur… comme dit Musset, pour un empire, je ne saurais vous donner, etc.
C’est ici qu’on peut réfléchir la notion d’idée (cf. le sujet donné : « Quelle valeur donner à l’idée d’empire » ? Le jury n’a pas placé « idée » pour rien !), car l’idée est : a) une représentation, une notion, un concept communs, soit issus de l’expérience des sens, que Descartes appelle « idée adventice » (ad-venire= qui nous vient du dehors, par le biais des sens — en gros : une notion empirique), soit produit par l’esprit, ce que Descartes appelle « idée factice », soit imaginaire (utopie, science-fiction) soit rationnelle ; b) un être idéel platonicien ; c) une idée de la raison : un idéal, un horizon…
Appliquons ce schéma à « empire » : a) l’idée d’empire est, en langage cartésien (cf. 3e des Méditations métaphysiques), un idée adventice : nous voyons, nous constatons, nous avons entendu parler des empires, nous nous en formons une idée vague, commune, générale (= signes du Mal et de la servitude politiques, par exemple). Il y a des empires, autrement dit, cela signifie que pour certains hommes l’empire est une valeur (c’en est une pour Napoléon 1er, pour Marc-Aurèle, pour le dirigeant de Monsanto…) ; mais l’idée d’empire peut être une idée utopique, un règne imaginaire — littérature fantastique… b) au sens platonicien, on voit mal « empire » constituer une vraie Idée (ça ne saurait vraiment travailler et être valide ici…), sauf si on s’amuse, comme le fait Socrate dans le Parménide, à imaginer (et pas à concevoir, N.B.) une Idée du cheveu, de la crasse, de la boue… c) le 3e sens, d’horizon de la raison, est plus intéressant, car il s’agit de relever le défi du paradoxe et de « sauver » l’idée d’empire : à quelles conditions l’idée d’empire peut-elle constituer une véritable valeur ? On peut faire travailler la raison et l’imagination ensemble pour penser un empire de la liberté, de la dignité, qui ne serait d’ailleurs qu’une République des esprits…
Evidemment, on voit par là que le philosophe est un emm… et un mauvais coucheur animé de l’esprit de contradiction : si l’opinion générale dit que l’empire est mauvais, etc., le philosophe se dira qu’elle a tort (Bachelard : l’opinion a en droit toujours tort car elle transforme ses besoins en connaissances, et quand elle raison, c’est par hasard, et donc, elle ne sait pas pourquoi elle a raison !… Cf. Formation de l’esprit scientifique, N.B. texte fait en classe !). Quel empire faut-il faire advenir ? [et, pour paraphraser Kant… ] Quel empire nous est-il permis d’espérer ? On remarque que chez les stoïciens, l’empire sur soi est un idéal éthique… La question posée interroge sur la souveraineté. Comme dit Louis Calaferte : « mains aux poches, très rigide, le torse droit, il souriait en Empereur »…

Odile

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Message  Odile Mer 17 Déc - 16:50

And last, but not least : la fin !
A demain ! study


Introduction
Les hommes rêvent de souveraineté… même ceux qui se méfient comme de la peste des rapports de force, des problématiques du pouvoir, des risques de violence… Il est vrai que, de l’homme à l’homme, tous les liens de domination sont inquiétants : la tyrannie, le despotisme, la royauté, la principauté, la monarchie, l’empire, voilà qui montre que le pouvoir fort se dit en de multiples sens, comme dit Aristote de l’être… Mais pourtant, ne peut-on pas distinguer, dans cette nébuleuse de la servitude, une forme supérieure, comme l’empire ? Après tout, certaines manifestations de l’empire sont loin d’être effrayantes : l’empire sur soi (la maîtrise des passions) indique qu’une valorisation de l’empire est possible, mais évidemment en dehors d’une réalité problématique. Dès lors, quelle valeur donner à l’idée d’empire ?
La notion d’empire est d’emblée marquée du sceau de l’infamie : ce serait l’empire du Mal (film d’Orson Welles), à conjuguer sous diverses formes : l’empire des multinationales, l’empire russe, l’empire des sens… L’empire fait peur. Il n’en demeure pas moins qu’il est d’abord une réalité, qu’il existe, et qu’il ne saurait s’agir d’en nier une forme de positivité, même faible (même s’il s’agit du IIIe Reich : « Le même sang appartient à un même empire », Hitler dixit…)…). Voyons ce que nous pouvons en apprendre. Ensuite, il n’est pas assuré que l’empire soit absolument négatif, même politique : le bilan napoléonien se discute, entre l’impérialisme belliciste et l’exportation forcée de l’Etat moderne, et l’on se saurait oublier les discours de Churchill (ce grand homme, Ph. Ch. dixit) sur l’appel à l’empire anglais pour défendre… l’Europe, ie l’Allemagne (contre elle-même), la France et tutti quanti, (si j’ose dire !) Enfin, sa valeur symbolique augmente l’idée morale, la maîtrise de soi. En ce sens, il convient d’examiner les divers régimes de l’idée d’empire : s’il s’agit de juger et d’évaluer les diverses formes de la réalité empirique (sic !), et de la réalité géopolitique en particulier, l’ambivalence demeure, selon l’histoire et les valeurs que l’humanité veut bien se donner, ne serait-ce que celle de liberté. Mais en ce qui concerne l’idée morale et idéale d’empire, la question de la légitimité rationnelle se repose à nouveaux frais. Comment peut-on valider vraiment l’idée d’empire ? N’est-elle qu’une idéologie ou peut-elle devenir un idéal rationnel ? Quelle idée (= conception) de l’idée permet de relever l’idée d’empire ?

Conclusion.
Nous avons donc vu que l’idée d’empire était comme un concept, à significations feuilletées — Bachelard nous avait appris quelque chose d’analogue avec le concept de masse… L’idée d’empire a plusieurs valeurs : d’abord, une valeur assez sinistre, de sens faible, qui nous révèle dans sa triste et sordide vérité, le destin de servitude des humains. C’est une réalité, une valeur incarnée, matérialisée, sensible (très sensible…). Cela dit, cette réalité s’accompagne toujours d’une « culture » supérieure des « dominants » (qui appartient à la classe des maîtres-dominus) : Pharaon, Attila, Gengis Khan, Tarass Boulba, Xerxès, Darius (que des philanthropes, comme on peut le voir…) : il y a un art (une orfèvrerie, une technique, une peinture), un savoir vivre, une politique des empires, que l’humanité aurait tort d’ignorer. Montons d’un cran, pour essayer de comprendre pourquoi certains hommes ont tant aimé l’empire : l’empire suppose aussi une forme d’équilibre des forces, un droit positif rationnel (dont nous sommes les héritiers !), tel l’empire romain (à l’intérieur : le rapport entre les nobles, le Sénat, la plèbe… / à l’extérieur, la négociation avec les autorités locales, les compromis — pensons au rapport à la Judée…), et donc une certaine science de l’observation, de l’administration, de la bureaucratie, de la délégation du pouvoir : l’empire est grand, il faut du temps pour parcourir l’espace… Plus haut nous trouvons des volontés d’exportation de modèles : Napoléon 1er voulait imposer l’Etat moderne, selon Hegel, à l’Europe, et sans doute au monde : les sujets sont libres intérieurement, mais aussi libres socialement et civilement (ils sont citoyens : fin des féodalités et des privilèges)… Enfin, en dehors des réalités désastreuses et ratées, l’idée d’empire n’est pas sans rêverie active, en effet : il serait bon que l’humanité dispose d’un empire sur soi, peut-être à la manière des stoïciens (option basse : cela suppose tout de même le consentement à un destin…), mais à partir d’une compréhension, d’une connaissance de soi, qui inaugurait une forme de maîtrise de soi. L’idée d’empire serait alors réconciliée avec elle-même, comme idée magnifique, sublime, majeure : l’humanité se commandant à elle-même !…

Odile

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Message  ank Mer 17 Déc - 17:45

merci beaucoup parce que je ne l'ai pas eu
bonne journée
ank

ank

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Message  Juliix Jeu 18 Déc - 19:08

j'adooooore le "femme- v- empire", et "l'appartemanchot" =)

funny ;-)

mais j'ai moins adoré le sujet d'aujourd'hui par contre ... hum*
less funny quoi =/

[[ oui oui, je m'entraîne à l'anglais pour demain ... après tout, faudra bien faire un commentaire, alors autant se mettre dans le bain tout de suite quoi =) ]]

Haha, plus que 6h, avant Noël ^^
[[ enfin, pas tout à fait Noël, mais bientôt quoi =) ]]

ouai, enfin bref quoi, la philo, ça m'monte à la tête, donc bon ...
à demain quoi ;-)
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Message  Cocophotos Jeu 18 Déc - 19:56

Tu t'es mise en mode pétage de plomb ? Lol

Bah le sujet était rigolo et puis jcrois qu'il aime les révolutionnaires comme Reboul les Républicains (oui mais LI-BE-RAUX)

Allez à bientôt

PeSi

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Message  Juliix Jeu 18 Déc - 20:01

ouiiii, mode pétage de plomb, ça fait du bien quand même !!

Haha, les LI-DE-RAUx !! oui oui, j'pense qu'on le saura quand même au bout de 3 ans qu'ils sont tous libéraux ^^

Mais quand même, je maintiens le fait que ce sujet d'aujourd'hui était ... "bizaaaaare"
[[ à dire à la manière de M. Domball ^^
parce que oui, il y a une manière domball de dire ce mot ! héhé ]]
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Message  Cocophotos Jeu 18 Déc - 20:02

Bah écoute pour la manière domball je compte sur toi pour me la mimer demain parce que perso jle connais pas ce M. !!

PeSi

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