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Utopie et marxisme

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Message  Odile Jeu 29 Jan - 20:15

Bonjour à tous,
Voici le texte que M. Choulet a écrit pour le débat au TJP sur les utopies socialistes et le marxisme.
J'en apporterai aussi un exemplaire - photocopiable - en cours.
Très bonne lecture !
study

Nous sommes bien au théâtre= un acteur, mieux, «Monsieur le directeur de théâtre», comme dirait Brecht, me prête sa voix… comme un masque, qui révèle, déclare ma réflexion, mais aussi qui me dissimule et me cache… Comme l’écrit chez Platon, il ne pourra pas vraiment répondre aux interrogations qu’il subira… d’où la nécessité où je me trouve d’être à la fois concis et explicite.
La réflexion de Grégoire Callies, avec l’exposition de sa pensée qu’est La Petite Odyssée, expriment un événement de ce temps. Un événement n’est pas un fait divers. C’est un processus lent, long et inaperçu, en général, que seuls certains «voyants» (Rimbaud), certains phares (Baudelaire), certains «nerveux» (Kafka, Nietzsche, Musil, Kraus) savent voir ou pressentir. Quel est le besoin de pressentiment qui nous occupe, dans une table ronde sur l’utopie? Que sentons-nous de l’air du temps?
Nous sommes déchirés, et nous répétons le coup de la conscience malheureuse chez Hegel, sauf que cette fois, nous n’avons plus de Paradis. Il n’y a pas de Providence, pas d’Idée finale de la Liberté à l’horizon, pas de Grand Soir où l’on rase gratis, pas d’Avenir radieux, mais il n’y a pas non plus d’Enfer, de Malédiction, de Péché ou de Faute à payer. Nous sommes livrés à la nécessité comme contingence, et là, nous sommes de grands ignorants. La différence d’avec les hommes du XIXe siècle, et je pense aux plus grands humanistes-visionnaires (Gœthe, Heine, Beethoven, Hugo, Dickens, Napoléon, oui, Napoléon 1er…), c’est que nous savons désormais que nous pouvons plus attendre que le processus matériel fasse les choses à notre place. Cette urgence a des raisons écologiques, morales, existentielles, anthropologiques, et donc thanatologiques — je donne les raisons dans le désordre, chacun y trouvera le sien (d’ordre…).
Nous sommes les enfants de deux révolutions à peu près contemporaines, la révolution politique bourgeoise de 1789-1792, et la révolution industrielle à partir des années 1810. L’hystérie historique française a fétichisé la première, qui a servi de cache sexe à la seconde. C’est la révolution industrielle qu’il faut reprendre et affronter. C’est l’industrie qu’il faut penser. Je renvoie ici aux travaux de Pierre Legendre. Mais parlons donc de l’utopie, puisque nous y sommes… en plein!
Je fais bref. Il y a trois formes d’utopie. Là, je range.

Odile

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Message  Odile Jeu 29 Jan - 20:15

1. La première, c’est l’utopie négative. Celle qui décrit la catastrophe: «1984», d’Orwell, «Fahrenheit 451» (température de combustion du papier) de Bradbury, «Le meilleur des Mondes» de H. G. Wells, etc. Mais nous savons désormais que la réalité dépasse la fiction, que la novlangue, Big Brother, le mono-idéisme (le politiquement correct, le moralement correct, le refus de l’idéologie, comme si on pouvait échapper à l’idéologie et être neutre, objectif, raisonnable!!!…) sont là, dominants, écrasants, humiliants, indignes, dans toutes les institutions, l’Ecole, l’Hôpital, la Prison, la Justice, la Police, la Presse (sous toutes ses formes), les Impôts, la Banque, la Culture, l’Art, etc. «L’homme schizoïde du 21e siècle», chantait Robert Fripp du groupe King Crimson… Nous y sommes, même si cet homme sait se parer du pseudo humanisme du management, du coaching, de l’économie, du bénéfice, de l’intérêt général (qui est un poncif de l’idéologie fasciste et nazie, soit dit en passant… question de discours…). Tocqueville nous l’a annoncé dès les années 30 — je veux dire: 1830!!! — «que ne nous ôte-t-il le trouble de penser et la peine de vivre?»… Voilà le fantasme utopico-réaliste du Pouvoir. Il faut entendre cela: nous vivons en pleine utopie capitaliste. Le pouvoir expérimente sur nous tous azimuts, comme dans un cauchemar, comme sous «un marteau sans maître», qui ne sait pas ce qu’il fait, mais qui jouit du pouvoir, qui jouit pour jouir. L’administration et la bureaucratie capitalistiques agit comme le laborantin fou, comme un Dr Folamour très agité et excité sexuellement par l’étendue de son pouvoir, comme un enfant. Le stade infantile du Mondialisme. Ça travaille par essais et par erreurs. Tant mieux pour les essais, tant pis pour les erreurs (accidents industriels, bavures, effets pervers, délinquance en col blanc, bien pire que celle des banlieues…). Le Capitalisme aime bien dire qu’il est dans le droit fil de la vie, le prolongement de la vie, que la concurrence, c’est la vie! Mais s’il est vrai que la vie est expérimentation sur elle-même, comme dit Nietzsche, il revient à l’homme de dépasser cette naturalité sauvage, ce capitalisme sauvage et primitif, comme dit Marx. Hobbes disait «l’homme est un loup pour l’homme», et notre réalité comme utopie réalisée («Hobbes l’a rêvé, Madoff l’a fait!») incarne cette sinistre (gauche…) vérité de la vie comme dévoration mutuelle et réciproque. Mais Spinoza répondra: «l’homme est un dieu pour l’homme». C’est cela que nous voulons. Ni bestial, ni idole. L’homme comme principe.
Que la réalité industrielle capitaliste ait réalisé les rêveries les plus noires des poètes et des essayistes n’est pas très joyeux: «triste savoir», disait Adorno. Mais bon, c’est ça, l’utopie: ça apprend à savoir. Comme la littérature, la musique ou la peinture chez Proust, l’utopie révèle, au sens photographique, le négatif de notre vie. «Qui accroît sa science accroît sa douleur», disait l’Ecclésiaste. Sauf que ce n’est pas une expérience intellectuelle, c’est du vécu, de l’Erlebnis, disent les Allemands, une véritable expérience, bien saignante, bien nerveuse et éprouvante.

Odile

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Message  Odile Jeu 29 Jan - 20:16

2. La seconde, c’est l’utopie comme douce rêverie… Ça va des «Bergers d’Arcadie», de l’âge d’Or, aux rêveries millénaristes, y compris à l’Opéra de Pékin… Oui, comme on dit, «on peut toujours rêver!». Les propagandes des Démocraties Populaires (le pléonasme relève de la méthode Coué, de l’auto-persuasion…), des Tyrannies et des Despotismes en tout genre (celles et ceux qui inscrivent Dieu ou le Droit au Bonheur dans leur constitution…ou même Egalité, Fraternité…) ont très bien récupéré, via les médias industriels (publicité, affiches, photo, cinéma, T.V., Internet…) cette aspiration à une Communauté Unanimiste Mondiale, qui dit bien ce qu’elle veut dire: «Une seule Ame», et on voit bien laquelle: celle du consommateur, celle de l’enfant gâté, qui n’est plus seulement l’artiste moderne, comme dit Baudelaire dans le Salon de 1859, mais bien l’homo œconomicus, excité, énervé par le principe de la Dépense. L’homme est un animal de la Dépense, de la destruction, mais aussi de la création. Donc, revenons sur terre, car ce Ciel est mal famé. La magie de cette rêverie est une magie noire, c’est encore un divertissement, un détournement (comme un détournement de conversation), elle nous dit de regarder ailleurs. Soyons pascaliens: soit le salut de l’âme (le salut de l’homme), soit le divertissement. Nous n’aurons pas les deux, parce que nous ne sommes pas le principe du sens. Conflit entre Capitalisme et République. Rappelons Sade: «Français, encore un effort pour être républicains!»…

Odile

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Message  Odile Jeu 29 Jan - 20:16

3. Et puis, il y a l’utopie d’entreprise. Celle de Fourier, celle de Godin. Celle qui agit, qui met ses mains dans le cambouis, dans le moteur. Celle qui bricole, qui bidouille, qui régule, aussi peu à peu, de manière inductive, comme chez Brecht: il s’agit de faire du singulier un universel… Et là, les rapports se renversent: l’utopie fouriériste pense que c’est le réel devenu qui est l’utopie, utopie morbide, sacrificielle, gratuite, un immense gâchis. Le discours de Fourier entend être le vrai réel, celui qui organise la vie véritable. Fourier le dit bien: l’utopie, ce n’est pas son discours à lui. L’utopie, c’est la civilisation, la «syphilisation», comme dit Baudelaire, c’est le réel moralisant, ultraviolent, de la répression tous azimuts des passions (nous dirions, nous: des désirs). L’utopie, c’est l’injection arbitraire, castratrice, inhibante, d’une fausse conception de l’homme. Alors, que répondre au réel surpuissant de l’industrie qui va comme elle va? Comment inventer «un nouveau monde industriel», pour parler comme Fourier? C’est-à-dire= un monde vraiment monde, qui serait industriel (comment faire autrement? C’est de l’irréversible…), sans être capitaliste, sans être «im-monde»…

Odile

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Message  Odile Jeu 29 Jan - 20:16

Nous voilà à la rencontre entre Marx et Fourier. Laissons de côté les dérives marxistes, qui sont à Marx ce que Benoît XVI est à Jésus. Chose remarquable, Fourier, comme Spinoza, comme Nietzsche, comme Marx, entend s’appuyer sur cette vérité, sur cette réalité: toute passion est productrice, tout désir est producteur. La question, c’est l’attraction passionnée, «attraction comme chez Newton» (Fourier, c’est le Newton du monde social! Avec le même mystère de l’action à distance…), passion comme chez Platon, Eros (et pas Thanatos). Mais pour que le désir soit producteur, il ne faut pas le contraindre, le refouler, il faut le conduire, l’animer, lui donner son objet, celui qu’il cherche (si le désir aime les roses jaunes, on créera un atelier de «jaune-rosistes»! Et si les vieillards aiment les jeunes filles, il se trouve aussi, comme par hasard que certaines jeunes filles aiment les vieillards: il suffira de les faire se rencontrer, pas de mal à ça…). On comprend pourquoi Proudhon a appelé Fourier «bigot pornocrate»!) ; il suffit de le faire vivre socialement, dans une vraie société, de le dynamiser dans le lien avec les autres hommes, mieux, dans une architecture. C’est là que l’utopie réalise la philosophie: dans l’amoralité, «L apostrophe», que le moraliste jugera immorale. Mais Diderot, Sade, Artaud, Bataille, Blanchot, Lacan y ont insisté: le désir ne se rendra jamais, c’est un irrédentiste.
Donc, comme dit Lénine, «que faire?» (sous-entendu: «quand on n’a pas le pouvoir»)
Réponse, avec Godin, Fourier, les grands artistes, les totems de l’humanité: ne pas lâcher sur son désir. Désirer, travailler, aimer. Je cite Freud souvent: «être normal, c’est apprendre à aimer et à travailler». Ce n’est pas «aimer et travailler», c’est «apprendre à»… apprendre à parler (à dire), à entendre (à écouter), à voir (à regarder), à toucher (à caresser), à réfléchir (à penser), à juger (à critiquer), à vivre enfin (à exister).
L’utopie est la philosophie véritable parce qu’elle vise un homme complet, qui satisfait ses puissances, qui s’efforce de satisfaire et de réaliser ses puissances. L’équation éthique est celle de Spinoza: puissance= réalité= perfection= vertu= liberté. Le grand artiste fondateur, le grand législateur, le grand politique, ou l’homme du commun à l’ouvrage que rencontre Odyssée, en est une esquisse, en donne une idée, une envie, un désir… d’être. Marx est ainsi fouriériste quand il milite pour «la communauté des hommes complets», quand il défend une société sans division du travail autre que celle de la libre activité, sans salariat (car rien n’est plus sordide et faussement objectif que le sel de la sueur de l’heure de travail… alibi de l’exploitation, qu’il s’agisse de la loi d’airain des salaires ou de la «loi des reins des salaires», celle du harcèlement sexuel…), donc sans propriété privée des moyens de production… ou de spéculation, sans Droit défendant les intérêts des classes supérieures sous la supercherie du faux universel, sans Etat, «le plus froid des monstres froids» (Nietzsche). Donc, lisez Fourier, lisez Marx, et travaillez comme Godin, entreprenez comme Godin, augmentez le monde comme Godin, dans la justice et la reconnaissance.
Fourier est une loupe pour relire Marx. Fourier est la littérature qui révèle la pratique marxienne à elle-même. Il montre ce que les staliniens et les capitalistes ont en commun: l’oppression du genre humain, et le principe de jouissance du désir refoulé, pervers.
L’utopie d’aujourd’hui, c’est la réalité à la fois telle qu’elle s’invente diaboliquement, et la volonté du désir humain indomptable. La question que pose «l’artiste en Grégoire», Grégoire en tant qu’artiste, c’est: que voulons-nous? Dans ce que notre histoire nous donne à lire, depuis cette révolution industrielle qui n’en finit pas de se tourner et se retourner pour inventer et produire notre nouveau réel — ce que Marx appelle «la vieille taupe» —, oui, que pouvons-nous dire sur notre désir conscient de lui-même, sur notre désir critique de lui-même, sur notre volonté? C’est seulement cela qui nous permettra d’être «auteurs» de notre vie (et pas «acteurs», comme dit le coach débile du management, qui croit qu’il y a un rôle déjà écrit, une finalité, une fonction! — cela dit, on voit bien laquelle il veut nous faire passer en douce…), auteurs, au sens de producteurs libres et au sens d’augmentation du monde, de gain de puissance d’être et de joie.
L’utopie est comme l’action marxiste chez Brecht, ou la mer chez Pascal, Valéry ou Rimbaud: toujours à recommencer… cent fois sur le métier remettez votre ouvrage… et enfin, la grâce de la trouvaille… L’utopie vraie est microscopique, fine, subtile, délicate : c’est du Verlaine: «Ecoutez la chanson bien douce…». Elle n’est pas totalitaire, elle commence à l’instant, mais elle est invisible et inaudible, comme le sens de la musique. C’est Gould, Richter, Heifetz, c’est Gauguin et Brel, Brassens et Valéry, Proust et Vinteuil (César Franck), c’est Kantor et Paul Klee, c’est Chaplin (qui était communiste, faut-il le rappeler? OUI, rappelons-le) et les Marx Brothers…
On a envie de dire à l’industrie ce qu’un type a dit à son fils: «Appelle ta mère, que je te recommence!»…
Mais c’est impossible. Le recommencement est un perpétuel commencement, et c’est une continuation de la nécessité. Proust dit quelque part que le monde est une création continuée. Oui, mais n’idéalisons pas. «Création» est un terme qui trouble, qui peut mentir (il y a des «marchés de la création»!). Préférons «production». C’est la leçon marxiste: la critique de l’économie politique est la philosophie, parce qu’elle seule nous permet de comprendre librement ce qui détermine notre liberté. L’urgence, c’est un enseignement du fétichisme de la marchandise dans les écoles. Ou au théâtre. Montrer d’où ça vient, ce que ça coûte (et pas «combien ça coûte»…) en sacrifices humains. Nous faisons mieux, ou pire, que les Mayas. Donc, apprenons qui nous sommes. Qui sommes-nous? Nous sommes tous des Marx Brothers. Nous sommes tous des fourriers du Désir… (Ph. Ch. Metz, 27-I-09)

Odile

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Message  Juliix Jeu 29 Jan - 20:37

^^ j'allais vous l'envoyer en même temps que le compte- rendu ;-)
d'ailleurs, ça intéresse quelqu'un d'avoir le compte- rendu du débat? Je l'aurai fini ce w-e, donc dites- moi tout =)
Ah et puis, lisez le texte, il est vraiment bien ( et même plus ^^ )
A demain tout le monde ... en espérant que ces fichues grèves nous fichent la paix quoi =/
Juliix
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Message  ank Jeu 29 Jan - 21:05

Merci pour les fiches Odile!!
Euh Julie,...comme je me suis lamentablement trompée hier drunken , le compte-rendu m'intéresserait beaucoup...si tu as le temps...
bonne soirée!!
ank

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Message  Juliix Sam 31 Jan - 10:34

Je vous mets ici le cpte- rendu du débat de mercredi.
J'en apporterai aussi un ou deux exemplaires lundi, pour ceux qu ne peuvent pas venir sur le forum ;-)




Débat du mercredi 28.01/09



Godin et Marx :
Socialisme utopique et Marxisme.


« Ce soir on aurait bien aimé avoir deux points- de- vue d’intello … des gens qui pensent, quoi ! » - G. Calliès.

Préambule : on n’oubliera pas, tout au long de ce compte- rendu, de se rappeler que les socialistes sont des LI-BE-RAUX, sinon, impossible de comprendre !

Questions centrales : Quel intérêt historique peut apporter une réflexion sur la société pensée par Godin et Marx ? La violence, la misère, les difficultés d’existence, … sont contemporaines, peut- être peut on alors trouver une réponse à nos problèmes dans la société coopérative / associative telle qu’elle a été pensée au XIXè siècle.
Est- ce que ça fait sens, aujourd’hui, de risquer des choses, sous l’ombre de la protection ? Est- ce que ça fait sens de se protéger totalement pour agir aujourd’hui ? de ne pas prendre de risques ? de ne pas oser ?
Pourquoi et comment la communauté proposée par Godin a- t- elle fonctionné ? Sur quoi a- t- elle fonctionné ? quels actes ont proposé autre chose ? Dès lors, aujourd’hui, quelle utopie nouvelle peut- on imaginer ? Et est- ce à nos gouvernements d’inventer de nouvelles choses, ou bien à nous, acteurs de nos propres actes quotidiens ?

Ne pas oublier : « La mémoire est sœur jumelle de l’imagination » - Fourier-

· GODIN :
mot d’ordre = « mutualiser, coopérer, s’associer »
issu d’un milieu populaire, père forgeron. Il fait son tour de France pour apprendre son métier, et c’est à cette occasion qu’il découvre les conditions de vie des ouvriers ( misère, etc ).
« Si un jour je réussi ( financièrement) la priorité sera de régler cette misère ».
Il rentre à Guize ( prononcer : gU- ize ! ) et décide de remplacer le fer par la fonte pour la construction des poëles : bon fonctionnement, ça chauffe bien.
Dès lors, il s’installe et construit une entreprise qui fonctionne. Sa devise : « tant qu’on aura dix ans d’avance sur la concurrence, il n’y aura aucun problème pour payer »
à souligner : l’énergie de Godin : a crée les premières Sécurités Sociales, bourses, et même les premières crèches et pouponnières. Son principe est de ne jamais rien imposer à personne : même si ses inventions ne sont pas tout de suite acceptées, il ne perd pas espoir qu’un jour, certains prendront conscience de leur utilité et reviendront vers lui.
Il passe son temps à inventer de nouvelles machines ( d’où : il est le penseur du renouvellement), et autres choses ; il veut agir, et ne pas laisser les choses stagner. Ne pas faire de la vie un combat quotidien et permanent.
Précurseur de l’économie sociale : il a l’idée de l’association coopérative, fondée sur deux principes :
à l’éducation : Comment éduquer les personnes à mieux travailler ? Education basée sur le respect de la personne.
à le travail : idée que l’homme doit s’épanouir dans le travail.
Le problème principal : la répartition du capital. Il part du principe qu’il n’y a pas d’égalité, du point- de- vue des facultés intellectuelles, entre les individus, à savoir que certains seront ingénieurs, d’autres ouvriers qualifiés / non qualifiés, d’autres encore seront enseignants ( surtout les femmes, soit dit en passant … ), et donc, la répartition du capital se fait sur la base du mérite et du talent : chacun a droit à sa part, selon la fonction qu’il occupe. D’où : l’organisation de la société ne se faisait pas sur l’égalité, mais sur le principe de l’équité. D’où l’idée de justice qui est basée sur le principe de cette répartition équitable : chacun reçoit ce qu’il mérite, sachant que tout le monde reçoit quelque chose.
Idée de servitude volontaire : la personne choisit de s’engager dans la coopérative, mais ensuite, elle se doit d’y rester.
« Godin s’arrête en 68, c’est quand même inquiétant … Il s’arrête au moment où il aurait pu proposer pleins de choses … »
Problème posé aujourd’hui : comment structurer les engagements dans la coopérative ?


· MARX :
Un des penseurs primordiaux du XIXè.
Théories proches de Fourier. Cf : il faut que les gens travaillent selon leur envie.
« Personne aujourd’hui ne va à la plage en se disant : Tiens, aujourd’hui je vais lire Le Capital de Marx, et c’est vraiment dommage, parce qu’un gars comme celui- là ne peut pas être foncièrement mauvais … Regardez sa correspondance avec sa femme, ou bien la lettre enflammée qu’il a envoyée à son père, quand il était amoureux … » - G. Calliès. –



Dernière édition par Juliix le Sam 31 Jan - 10:41, édité 1 fois
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Message  Juliix Sam 31 Jan - 10:36

Quelques notes sur le texte Utopie et marxisme ( M. Choulet ) :

· événement : processus lent, long, et en général inaperçu.
· Nous sommes déchirés, mais il n’y a pas de paradis, pas d’avenir radieux, sans que toutefois, ce soit l’enfer qui nous attende.
· Nous sommes livrés à la nécessité, comme contingence à nous sommes de grands ignorants.
· Nous sommes les enfants de deux révolutions : la Révolution politique et bourgeoise de 1789- 1792, et la Révolution industrielle des années 1810 : c’est celle- ci qu’il faut reprendre et affronter à nouveau.
· Il y a trois formes d’utopies :
- l’utopie négative ( 1984, d’Orwell ; Fahrenheit 451, de Bradbury; Le Meilleur des
Mondes, de Wells ; …) Mais la réalité dépasse la fiction. Le pouvoir expérimente sur nous, mais il ne sait pas ce qu’il fait, il jouit simplement du pouvoir, il jouit du pouvoir pour en jouir, comme un enfant. Le capitalisme aime à dire qu’il est dans le droit fil de la vie ; si la vie est « expérimentation » sur elle- même ( Nietzsche ) c’est à l’homme de dépasser ce « capitalisme sauvage et primitif » comme dirait Marx. Cependant, la réalité de notre vie rejoint ce qu’Hobbes disait : « l’homme est un loup pour l’homme » : la vie est une dévoration permanente, mutuelle et réciproque. A nous de faire en sorte de réaliser le rêve que « l’homme, comme dit Spinoza, soit un Dieu pour l’homme ». L’utopie nous révèle, au sens photographique du terme, le négatif de notre vie ; elle nous apprend à savoir, seulement là, ce n’est pas une expérience intellectuelle à laquelle nous nous livrons : c’est du vécu (Erlebnis), du réel.
- l’utopie comme douce rêverie : « on peut toujours rêver » après tout ! Aspiration à une communauté unanimiste mondiale, à une seule âme, très bien incarnée dans la propagande des démocraties populaires, les constitutions inscrivant comme principe le Droit au Bonheur, voire : « égalité, fraternité ». Cette âme, c’est celle du consommateur, de l’homo economicus, animal de la dépense, de la destruction, mais aussi de la création. Cette douce rêverie est comme une magie noire, un détournement qui nous dit de regarder ailleurs.
- l’utopie d’entreprise : celle de Godin, de Fourier. Une utopie que travaille, qui bricole et régule. Le but : faire du singulier un universel. L’utopie, pour Fourier, ce n’est pas ce que lui en dit, mais c’est la civilisation, la syphilsation (Baudelaire) ; c’est le réel moralisant, ultra- violent, qui nous injecte une fausse conception de l’homme. Dès lors : comment inventer un nouveau monde industriel ( Fourier) ?
· Fourier est le newton du monde social. Idée que toute passion est productrice, que tout désir est producteur ; pour cela, il ne faut pas refouler le désir, mais le conduire, lui donner son objet, celui qu’il recherche. Le désir ne se rendra jamais.
· « les dérives marxistes sont à Marx ce que Benoît XVI est à Jésus » !
· Que faire ( Lénine ) quand on n’a pas le pouvoir ? Ne pas lâcher son désir, mais travailler, apprendre à … ( voir, regarder ; à aimer et à travailler ( et non pas « aimer et travailler » tout simplement) ; à vivre et exister ). Il faut que nous soyons auteurs de notre vie, et non simplement acteurs ; auteurs au sens de producteurs libres, et d’augmentation du monde, de gain de puissance d’être et de joie.
· L’utopie est toujours à recommencer, jusqu’au jour où l’on trouve quelque chose qui nous convient, mais c’est rare … On pourrait dire à l’industrie ce qu’un père dit à son file : « Appelle ta mère que j’te recommence » ( sic !)
· Il faut montrer, au théâtre, dans les écoles, d’où ça vient, le coût en sacrifices humains

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Message  Juliix Sam 31 Jan - 10:36

Propos échangés lors du débat :

L’utopie se trouve dans cette mascarade de la société, dans laquelle on nous raconte qu’il n’y a pas d’autre porte de sortie que le modèle qu’on nous propose.
« Dieu nous a promis un royaume et on a eu une Eglise » : de même, les utopies nous promettent un beau monde, et nous offrent bien peu au final.
Godin a passé sa vie à entendre « Non », à chaque chose nouvelle qu’il proposait, mais jamais il n’a relâché, car toujours il s’est dit qu’un jour, l’on reviendra vers lui, conscient de l’utilité de ce qu’il avait à proposer. D’où l’importance qu’il accorde à l’éducation : il faut, selon lui, former la nouvelle génération, la génération de ceux qui seront amenés à tenter de comprendre ce qui se passe.
Il faut du temps pour former une coopérative, mais la question qui se pose aujourd’hui, c’est de savoir si c’est un acte d’urgence ou une action volontaire qui va pousser à la formation d’une coopérative.
La coopération n’est pas innée : on s’éduque à coopérer par rapport à un avenir que l’on ne connaît pas, l’homo economicus n’est pas génétiquement un coopérateur !
La coopérative est un outil d’émancipation collective, qui cependant part de l’individu : c’est l’individu qui se développe lui- même, à travers son activité, mais au sein d’une collectivité. Le but : toujours innover pour ne pas rester dans la norme. D’où la question qui se pose : que faire pour innover ? Comment innover ? Comment proposer du nouveau, et quel nouveau proposer ? L’innovation, la recherche de nouvelles solutions, doit se faire maintenant, dans l’hic et nunc, et non dans un futur proche ou lointain. Il ne faut pas attendre que ça se fasse, que ça se passe, mais il faut agir, tout de suite, et surtout : de nous- mêmes, pour ne pas se voir imposer des modèles, des normes, des obligations auxquels l’on doit consentir sans mot dire. C’est à nous d’imposer nos innovations, nos nouvelles idées, et de nous y soumettre ensuite ; mais il ne faut pas rester dans un stade de passivité, « attendre que ça vienne », sous le simple prétexte que l’on ne sache pas quoi faire.
Le monde anglo- saxon a privilégié la liberté sur l’égalité ; le monde français a choisi de faire l’inverse, mais doit en subir les conséquences, et ne pas s’étonner que des manifestations se lèvent en cas de trop forte inégalité … on a que trop d’exemple de ce mécontentement aujourd’hui …
Il faut prendre le risque, oser l’innovation ; c’est un devoir aujourd’hui d’avoir « une longueur d’avance », sinon, on peut être sûr de ne pas y arriver demain … Entendons donc le mot d’ordre de Godin « Il faut avoir dix ans d’avance… », c’est le seul moyen, sans doute, aujourd’hui, pour pouvoir espérer s’en sortir un jour. Le problème qui se pose néanmoins c’est de savoir quand commencer : la coopération naîtra- t- elle d’un hasard ? ( d’ailleurs : toute coopérative est- elle née d’un hasard … Il y a une mystique du commencement derrière tout ceci ! ) Comment se lance- t- on ? Et qu’est- ce qui fait de l’entrepreneur un risqueur ? Puisque l’on en a assez de se voir dicter notre façon de faire, notre agir et notre « ne pas agir » ( ne pas fumer dans les restaurants, ne pas faire ci et ça …) il faut faire quelque chose … Pourquoi ne pas imposer nous- mêmes nos droits ? Je fais de moi ce que je veux, je fais chez moi ce que je veux … C’est donc au nom d’un changement que je m’engage à lancer la coopération, l’association, le dernier problème étant : jusqu’où ai- je le droit de vouloir changer les choses ? Jusqu’à quel point peut- on prétendre faire évoluer la situation ? L’invention perpétuelle, à laquelle je dois me plier pour ne pas rester dans la norme, et qui est la seule à permettre une évolution, consiste- t- elle en une révolution totale ? en un bouleversement total de l’ordre imposé ? Bref, c’est la question du seuil qui se pose : à quel moment est- on solide et stable pour pouvoir faire avancer les choses ? Et jusqu’où peut- on mener ce changement ?


et voilà camarades =)
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